Comme enseignante, je me remets constamment en question. Je vous rassure, je ne change pas d'idées aux 2 minutes, mais je me remets en question dans le but de toujours faire de mon mieux. Parfois, le meilleur de nous même n'est pas identique d'une année à l'autre, car cela dépend d'une panoplie de facteurs personnels et professionnels. Malgré tout, je vise le meilleur de moi-même à chaque année.
Une fois par année, mon directeur nous rencontre individuellement afin de parler de nos objectifs, de nos désirs de formation, etc. Ces 30 minutes m'angoissent toujours énormément, mais une fois écoulées, j'aimerais continuer à jaser. Ce qui en ressort depuis deux ans, alors que mon directeur me taquine, est que je ne serai probablement jamais complètement satisfaite de ce que je fais, que je dois penser un peu plus à moi et accepter que ce ne soit pas parfait. Dans mon cerveau en ébullition, de nouvelles idées germent, de nouveaux questionnement surgissent et un besoin de lire, de chercher et de me renseigner demeure.
Pour la première fois depuis mes presque onze années d'enseignement, je commence à penser à moi et à accepter de vivre avec le doute et l'imperfection. J'ai d'ailleurs fait un changement de niveau basé sur ma nouvelle résolution: penser à moi un peu plus.
L'année dernière, j'ai reçu durant toute l'année et à plusieurs reprises une étudiante au doctorat qui faisait une recherche dans ma classe. Mon premier réflexe a été de refuser cette demande par crainte de me faire juger ou critiquer dans mon enseignement... Je me demandais toujours "Comment puis-je recevoir quelqu'un dans ma classe, alors que je ne suis pas moi-même complètement satisfaite de ce que je fais ou de comment je le fais?" J'ai fini par accepter après quelques échanges avec l'étudiante en question. Celle-ci, également chargée de cours auprès de futurs enseignants dans une université, m'a également fait réfléchir sur le fait que je ne recevais pas de stagiaires dans ma classe. Vous me voyez venir n'est-ce pas? Comment puis-je recevoir un(e) stagiaire, alors que moi-même je me questionne? Ce futur enseignant, qui se questionne déjà, serait alors confronté à mon propre questionnement! Ouf!
J'ai déjà reçu une stagiaire au préscolaire il y a 4 ans et je ne peux pas dire que j'avais adoré l'expérience. J'en étais ressortie avec une grande remise en question sur ce que je croyais être un bon enseignant. Est-ce que je m'attendais à trop ? Ou était-ce la stagiaire qui n'en faisait pas assez? Bref, je m'étais donnée à fond dans mon rôle en tentant de questionner, de soutenir et de guider ma stagiaire, mais en n'éprouvant pas un désir de recommencer.
Cet été, je me suis décidée à retenter l'expérience. J'ai donc rempli ma demande pour recevoir un stagiaire il y a deux semaines... Je sais qu'il est déjà tard, mais mieux vaut tard que jamais. De plus, je me suis inscrite à deux formations à l'UdM afin de mieux jouer mon rôle de maître associée.
Je n'ai bien entendu pas de stagiaire pour cette année encore et peut-être que je n'en aurai pas, mais le désir y est. J'ai envie de partager avec une "vraie" personne. Je partage depuis quelques années virtuellement et je trouve cela facile, car je suis cachée derrière mon écran. Par contre, en personne, je suis toujours dans la crainte de me faire juger ou de montrer que je ne suis pas parfaite. Je décide donc cette année, de bousculer cette crainte et de foncer en me donnant de meilleurs outils et en acceptant de ne pas être parfaite.
Alors, chers étudiants, si vous désirez vous questionner et réfléchir avec moi, vous savez où me trouver ah ah ah!
À bientôt
C'est un questionnement normal dans notre cheminement professionnel et il est vrai qu'il faut parfois se bousculer pour nous permettre d'aller encore plus loin dans notre développement.
RépondreEffacerJ'ai hâte de retrouver une situation plus stable pour pouvoir recevoir de nouveau un/e stagiaire dans ma classe. Certes, je ne serai pas parfaite non plus, mais nous aurons l'humilité de partager nos réflexions avec des futurs professionnels en recherche, eux aussi...